Maman teste

Maman teste

Mon petit coeur de Maman

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être maman. Aux alentours de 8 ans déjà, je prenais plaisir à « m’occuper » des bébés des autres. Vers 10 ans, je m’imaginais que ce petit être dans mes bras était « à moi », ou j’aimais imaginer que mes poupées étaient de vrais petits bébés réels. Je passais des heures à m’imaginer Maman (oui oui, j’étais pleine d’imagination).

Et puis j’ai grandi. Et ce désir en moi a évolué. D’une simple envie de pouponner, après avoir travaillé avec des enfants polyhandicapés je me suis prise de passion pour tout ce qui avait attrait à la pédagogie, aux différents moyens à mettre en place pour accompagner un enfant dans sa découverte du monde et de ses capacités.

 

Et puis j’ai obtenu mon diplôme d’infirmière, j’ai commencé à travailler, je me suis mariée, nous avons acheté un appartement… Et très vite, une petite idée a commencé à me trotter dans la tête. Nous avions une situation stable, un âge raisonnable, de la place à la maison… Et si c’était le moment ?

 

Mister A préférait attendre encore un peu. Difficile pour lui de faire une croix sur sa vie de jeune homme libre. Et puis finalement, un jour il m’a suggéré qu’on pourrait essayer. On ne sait jamais, parfois ça prend du temps avant de fonctionner.

 

Je vous passerais les détails sur la période d’attente insupportable qui a suivi (mais vous pouvez en lire le récit ICI). Pour résumer, j’ai mis un peu plus de 2ans pour tomber enceinte. 2ans où mes émotions ont joué aux montagnes russes, 2ans entrecoupés de périodes de doute, de larmes, et peut-être même que je pourrais dire avoir touché la dépression du bout des doigts : « Peut-être que je ne serai jamais une Maman… »

 

Alors comme vous le comprenez, ce bébé, il était plus que désiré. Et pourtant…

 

 

J’ai tout d’abord déchanté pendant ma grossesse. Moi qui avais tellement rêvé de voir mon ventre s’arrondir, j’ai finalement vécu une grossesse assez difficile et bien peu épanouissante. Pleine aussi de culpabilité, de ne pas ressentir cette joie inconditionnelle de porter la vie. « Ça ira mieux quand je l’aurai dans mes bras », me disais-je pour me rassurer.

 

Et puis un matin de novembre, après plus de 35h de travail, il était là. Bien sûr, que j’étais heureuse. Bien sûr, que je l’aimais. Mais était-ce cet accouchement sans fin, les douleurs et autres difficultés post-partum, ou bien la fatigue ? Je ne ressentais pas cette immense vague d’amour dont j’avais tant entendu parler...

 

 

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Les premières semaines n’ont pas été faciles non plus. Je dirais même que les 10 premiers jours ont été une véritable épreuve pour moi, bien plus marquante que l’accouchement lui-même.

J’étais si épuisée, qu’il était difficile pour moi de trouver du plaisir à m’occuper de mon tout petit. Entre les suites de l’accouchement, les multiples réveils la nuit, les coliques incessantes, les pleurs de décharge… Tout un tas de sentiments se bousculaient dans ma tête. J’avais besoin de repos, j’avais besoin d’une pause, de pouvoir lâcher prise au moins quelques heures… Et puis bien sûr, un grand sentiment de culpabilité face à ce que je ressentais : ne suis-je pas une horrible mère, à vouloir mettre ma vie de maman sur « pause » quelques instants ? Et moi qui ai tellement désiré cet enfant : ai-je le droit maintenant de me sentir triste dans mon rôle de mère ? Ne devrais-je pas me sentir pleinement épanouie et heureuse ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?

 

Tout cela était d’autant plus difficile à vivre, que ce n’était pas l’amour fou non plus pour Mister A.

Les bébés, ce n’est pas trop son truc. Pourtant, dès la naissance du Petit Ours, il l’a pris sous son aile comme un super papa-poule. Heureusement d’ailleurs, car au début mon corps ne me laissait pas assurer totalement mon rôle de mère, et il a été d’un soutien plus que précieux.

Mais par la suite, ça s’est corsé pour lui. Petit Ours pleurait beaucoup les premiers mois. Entre les coliques, les pleurs de décharges, et sans doute tout un tas de raisons qu’on n’était pas en mesure de comprendre, nous passions une grande partie de notre temps à le bercer, tentant désespérément de le calmer. On avait beau aimer notre fils, c’était épuisant.

Rajoutez à cela le fait qu’au tout début, bébé n’est pas hyper expressif. Il lui faut plusieurs semaines pour apprendre à sourire… autant dire qu’il n’y a pas beaucoup d’interactions avec lui, ce qui n’aide pas beaucoup à tisser des liens.

 

Alors voilà. Ca me fait (tellement !) mal de l’avouer, mais soyons honnêtes : ni l’un ni l’autre nous n’avons connu cet espèce d’élan d’amour incommensurable que « doivent » ressentir les parents pour leur enfant… du moins, les premiers mois.

Et dans mon petit cœur de Maman, je peux vous dire que c’est une blessure bien profonde. Parce que cet amour sans faille, j’aurai tellement voulu le ressentir. Me sentir remplie par ce sentiment puissant, à en déborder. Et j’ai eu tellement mal à l’idée que ça ne vienne peut-être jamais. Sans compter que, bien sûr, j’étais entourée de mamans qui en parlaient, et pour qui c’était évident que toutes les mamans ne pouvaient qu’être débordantes d’amour pour leur progéniture. Culpabilité intense. Encore.

 

Et puis les mois ont passé. Petit Ours a grandi, évolué, et plus le temps passait et plus on se sentait attaché à lui. Ce sentiment d’être prêt à tant de choses pour le bien-être de son enfant, j’ai commencé à le ressentir.

Malgré les moments difficiles, lorsqu’il allait bien il était très souriant, toujours à rechercher le contact, et ça a sans doute bien aidé. Comment ne pas craquer devant sa petite bouille rieuse ?

 

Et puis il y a eu l’été, et notre petite semaine de vacances, perdus tous les 3 au milieu de nulle part. Semaine redoutée, mais qui, je pense, nous a finalement fait beaucoup de bien.

A la rentrée de septembre, Mister A et moi ayant stoppé toute activité qui jusque-là nous monopolisaient l’un ou l’autre le WE, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de temps libre à passer en famille. Est-ce cela, ou bien le fait que Petit Ours soit plus grand, qui a marqué un grand changement ?

Toujours est-il que notre quotidien avec bébé nous a petit à petit paru plus léger. Et depuis, il me semble que l’un comme l’autre, nous prenons beaucoup de plaisir à nous occuper de notre petit bonhomme.

 

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Aujourd’hui, avec le temps qui a fait son œuvre, je peux le dire : mon petit cœur de Maman déborde d’amour pour ce petit bout de chou. Et ça me rend tellement heureuse de ressentir ça. Enfin !

 

Pour Mister A, je crois pouvoir dire que ces dernières semaines ont aussi vu grandir son amour de Papa. De son côté, il me semble que ce qui a le plus joué, c’est le fait qu’il y ait beaucoup moins de pleurs inconsolables, et qu’il ait plus de temps à passer avec son fils.

 

Si chez certains cet amour est inné, il faut croire que chez d’autres, ça s’apprend. Mais dans tous les cas, ce qui est certain c’est qu’il est primordial de passer du temps ensemble pour apprendre à se connaître, s’apprécier, et se lier l’un à l’autre.


16/11/2017
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