Maman teste

Maman teste

La vérité, c’est qu’il y a parfois des jours sans…

La vérité, c’est qu’il y a parfois des jours sans… Et même, en ce moment, souvent.

 

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Photo : http://drippic.com

 

06h11.

 

Après deux réveils en pleine nuit, à coup de hurlements pour cause de tétine perdue, il m’appelle de nouveau. Mais cette fois, je le sais, il ne se rendormira plus. Malgré la fatigue encore pesante, la journée doit commencer.

 

J’entre dans sa chambre. Il fait chaud. Lourd, même. Je m’empresse d’ouvrir les volets puis la fenêtre : un peu d’air, ouf, je respire.

Je me retourne, et je le découvre en travers de son lit, pleurant et s’énervant. Contre quoi ? Contre qui ? Mystère absolu. Je lui parle doucement, me force presque à lui sourire, en espérant l’apaiser. Je le délivre de sa gigoteuse, le prend dans mes bras. Il se débat : visiblement mon câlin ne suffira pas à le calmer.

 

Après un changement de couche quelque peu laborieux, direction la cuisine. J’ai atrocement besoin d’un café. Je le pose par terre sur son tapis de jeu ; il a l’air de s’intéresser aux jouets qui l’entourent : parfait ! J’ai 5min à moi.

Mais j’ai à peine le temps de mettre la machine à café en marche, que ça y est, il râle de nouveau. Tourné sur le ventre, il n’a pas encore trouvé la technique pour avancer. Il pousse sur ses bras, et recule inlassablement. Le jouet convoité s’éloigne de lui : frustration intense !

 

Je le sais bien : ce sera ça toute la journée. Et y penser me fatigue d’avance.

Des grognements et de l’énervement, car il n’arrive pas à faire ce qu’il veut. Des pleurs, parce que la fin le tiraille d’un seul coup, et que l’attente est trop longue. Des hurlements inconsolables, grâce aux sympathiques poussées dentaires.

 

Après moult tentatives infructueuses pour avoir un peu de paix, je craque : je lui colle le biberon dans le bec, et savoure quelques minutes de silence. Enfin, je tente de les savourer.

En réalité, je culpabilise déjà de lui donner à manger pour le faire taire. Ce n’est pas l’heure du biberon, il n’a pas faim plus que ça. D’ailleurs, ce biberon, il ne le finit même pas.

 

Et puis la journée se poursuit, et ressemble à toutes les autres. Je tente de m’occuper du linge, pendant qu’il explore le salon en rampant en marche arrière. Je m’interromps une fois, puis deux, puis trois, pour éponger des régurgitations. Agacée, je finis par l’attacher dans son transat. Il râle, bien sûr. Je lui donne un jouet, qui l’occupe environ 1 minute 30. Et puis je culpabilise : ce n’est pas comme ça qu’il va développer sa motricité. Après tout, nettoyer un peu de vomit ce n’est pas la mort. Il est bien mieux par terre à gigoter, et ce n’est pas dans son transat qu’il trouvera comment avancer à quatre pattes.

 

A midi, il s’amuse à « faire des bulles » dès qu’il a la bouche pleine. Il y en a partout. C’est à peine s’il avale la moitié de ce que je lui donne : c’est bien plus drôle de tout cracher. Je tente de lui faire comprendre que ce n’est pas le moment de jouer. Il éclate de rire, et se retrouve plein de yaourt. J’abandonne et met un terme au repas. Avant la fin. En haussant le ton. Je culpabilise.

 

La journée continue. Machine de linge, repassage, ménage, préparation du repas. Tout cela en jonglant avec un bébé grognon, que rien n’a l’air de satisfaire.

La tentative de sieste est un échec total. Impossible de l’endormir. Pourtant, il est exténué. Il s’énerve, il pleure, encore et encore. Je le laisse seul dans son lit. Je culpabilise.
Je retourne le voir au bout de 5min : je le retrouve hurlant, couvert de vomit. Je culpabilise.

 

Et jusqu’au soir, j’ai l’impression d’être en « mode survie », regardant l’horloge toutes les 10min, attendant désespérément l’arrivée de Mister A. Je préfèrerai être au travail. Je préfèrerai être partout ailleurs qu’ici. Je culpabilise.

 

Et ce soir je m’endormirai en pleurant, en silence. « Tu l’as tellement désiré, et maintenant tu n’es même pas capable de t’en occuper correctement ». Je culpabiliserai.

Qu’est-ce que je fais mal ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Et cette fatigue, quand me lâchera-t-elle un peu ?
Pourquoi toutes ces mères autour de moi arrivent à tout gérer de front ? Comment font-elles pour être si épanouies ? Et toujours belles et pimpantes, avec une maison au sol qui brille et aucun objet qui traine ?

 

Est-ce qu’un jour ça ira mieux ? Vais-je voir le bout du tunnel ? Vais-je réussir à mieux gérer mes journées ?

Vais-je réussir à aimer ma vie ?



27/07/2017
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